Le
sculpteur Gérard Bignolais
n'a qu'une obsession depuis des années : représenter
l'humain. Avec un réalisme insoutenable de simplicité
et par le moyen de moulage et de l'empreinte sur vivant
il montre des corps
nus souffrants, malades,
voire
androgynes, des corps de parturientes et leurs mystères
à jamais refermés. Des femmes nues, abandonnées
dans le sommeil et quoiqu'offertes dans une totale impudeur
jamais obscènes. D'où vient alors que
simplement les regarder nous serait comme une menace
?
Réalisées en pierres reconstituées
ou bien en grès qu'en ce ne sont que des visages,
ces figures grandeur nature montrent de la part de l'artiste
Ia quête quasi désespérée
de l'homme dans sa seule vérité, sa seule
réalité : le désir à jamais
inassouvi de Ia chair, son poids alangui et sensuel.
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Chez
Bignolais, il n'y a pas de sacré, pas de chute
de l'ange, pas d'éternité, juste un passage.
L'homme est ce que son corps montre,
ce qu'on en voit, rien de plus, rien de moins.
Pensée insupportable et solitude terrible.
Pourtant à force de travailler les variations
de cette seule matérialité, c'est comme
si quelque chose se mettait à bouger. Comme si
dans ces visages immobiles, endormis, tous semblables,
un frémissement s'amorçait. L'utilisation
du grès et de ses différentes couleurs
et textures d'engobe n'est pas gratuite. Il permet,
l'ayant saisi, de le fixer. Une vie intérieure
s'annonce, un secret né des profondeurs de la
chair s'anime, prend force d'âme. |