www.bignolais.com 1983
Un clochard à la clinique Mutualiste
Courriers avec
Messieurs les patrons
Etonnantes sculptures
à la clinique Mutualiste
L A CLINIQUE mutualiste jouerait-elle la carte de l'art ? Elle accueille
actuellement un sculpteur et un poète indiquant par là une ouverture qui ne manquerait pas d'être passionnante à suivre, si cette première ex--position ne révélait une réalis- me proche d'une certaine morbidité !
Et voilà pourquoi Gérard Bignolais, compte tenu de cette technique, est arrivé à Grenoble, pourvu de multiples sacs de plâtre, moulant ses corps dans une salle de la clinique Mutualiste :
« C'est un travail fou, reconnaît-il, qui demande beaucoup de patience »
Et si cette clinique lui ouvre ainsi ses portes, c'est grâce à MM. Barneq-Fekkar, directeur et au docteur Philippe Jouet.
« Le thème du corps humain et plus spécialement celui de la femme enceinte, m'a toujours attiré, précise-t-il. Il me fallait des partenaires, pourquoi pas dans le milieu médical ?
« J'ai eu la chance, à l'occasion d'une exposition organisée à Paris de rencontrer la famille de Philippe Jouet ».
« Et si je m'attache plus particulièrement au corps de la femme enceinte, poursuit-il, c'est parcequ'il est généra- lement considéré comme un corps déformé, rarement comme un corps épanoui. je veux essayer d'éclairer le problème ».
Pour ses « éclairages », Gérard Bignolais a obtenu, grâce à une bourse du F.A.C.R.E., l'aide du ministère de la Culture et les vingt « corps » qu'il compte
« mouler » à la clinique Mutualiste, feront l'objet d'une grande exposition la saison prochaine à Paris
Art épanoui lui aussi ? Pour l'heure c'est son opéré en perfusion qui nour propose sa
« lecture »...sans joie.
LD
Aussi en un tel ieu, les oeuvres présentées n'ont pas man-n-quées de soulever quelques mouvements... divers et lundi, du hall d'accueil elles passeront au « Club » du 6è, plus confidentiel.
Imaginez... des oeuvres de souffrance et pas du tout des oeuvres de joie. des oeuvres qui se veulent de reflexion et mettraient en somme tout à fait
« en situation » les personnes appelées à franchir le seuil leur petite valise à la main. mais à moins d'être un peu... « maso » !
Gérard bignolais, le sculpteur, qui a le discours facile, s'explique :
« On me dit sculpteur, mais je fais des oeuvres qui ne sont pas destinées à une esthétisation de l'espace... »
Nous voilà donc fixés !
« Mon travail questionne, interroge, c'est un art critique qui serait plutôt comme un repérage du réel.
«Comment je produis? Pour moi ce n'est pas la question essentielle, mais je veux bien vous répondre. (Merci tout de même!) Je procède par moulage, par prise d'empreinte, non pour faire une copie mais pour établier une relation avec l'être vivant, un dialogue, un échange.
« Mon ambition est de mettre à jour les désirs du modèle.
« Je cherche à donner aux regardeurs tous les moyens de s'aventurer dans une lecture, de se poser le maximun de questions ».